Cameroun: condamné à trois ans de prison pour un texto «homo»
Cet article de Libération (qui défend souvent les gays) nous montre que bien des pays d’Afrique, mal partis, ne redressent pas la barre.
Merci à son auteur : QUENTIN GIRARD et à Libé (je profite de l’occasion pour rappeler l’importance d’une presse écrite indépendante, meilleur garant de la démocratie, multiple, et pouvant vivre sans être inféodée à un pouvoir. Achetez les journaux : il faut qu’ils vivent).
» A la veille de l’élection présidentielle, plusieurs ONG ont lancé un appel international pour que la répression contre les homosexuels cesse enfin.
Un simple SMS. En mars 2011, à Yaoundé, Roger Jean-Claude Mbede a envoyé un texto à une connaissance pour fixer un rendez-vous. Une fois sur place, la personne qu’il attendait est arrivée sous escorte de la police. Il a été arrêté sur le champ et condamné depuis à trois ans de prison après avoir confessé son homosexualité en garde à vue.
Depuis, la répression sur les homosexuels semble s’accentuer au Cameroun à la veille de l’élection présidentielle. Selon plusieurs ONG, «plus de 12 personnes ont été arrêtées pour « délit d’homosexualité» dernièrement et donc «l’un d’entre eux a été condamné à 3 ans de prison simplement pour avoir envoyé un texto à un autre garçon».
L’avocate camerounaise Alice N’Kom, représentante de l’Association pour la défense des droits des homosexuel(le)s au Cameroun a lancé un appel international pour mettre fin à cette situation via le mouvement LGBT en ligne AllOut.org qui a recueilli plus de 50 000 signatures. Elle estime assister «impuissante, à une véritable chasse aux homosexuels orchestrée par la police» pour «délit d’homosexualité» et veut espérer que le Président Paul Biya y mettra fin. En France, Robert Badinter demande au «gouvernement français, en tant qu’un des principaux partenaires et bailleurs de fonds du Cameroun, de soutenir cet appel».
Tensions électorales
Amnesty International et Human Rights Watch ont eux envoyé une lettre ouverte au président sortant Paul Biya pour protester contre les tortures subies par ces hommes arrêtés et pour s’inquiéter que «le Cameroun envisage d’accroître la peine encourue en cas de rapports homosexuels entre adultes consentants à 15 ans de réclusion, assortie d’une amende pouvant aller jusqu’à 2 millions de francs CFA (environ 3 000 euros)». Actuellement, la peine maximale est de 5 ans.
Dans plusieurs pays africains, les périodes électorales favorisent régulièrement la repression contre les minorités, notamment homosexuelles. En Ouganda, la proposition de loi condamnant à la peine de mort les gays est ainsi régulièrement reproposée selon le contexte sociétal, les gays étant souvent considérés commes les boucs-émissaires idéaux. «Il y a toujours eu des arrestations au Cameroun, mais il y en a de plus en plus en ce moment, pourquoi maintenant?, se demande le sociologue camerounais installé aux Etats-Unis Charles Guebogo. «Je pense que c’est pour gagner en popularité. Avec les élections à venir, c’est comme si on les livrait au peuple pour calmer sa colère contre le pouvoir».
Pour Yves Yomb, directeur d’Alternatives-Cameroun, organisation de défense des droits de l’homme basée à Douala, «la question de l’homosexualité est instrumentalisée. Lorsque l’Union européenne a décidé récemment de soutenir financièrement des associations LGBT, le gouvernement a dit que c’était du gâchis, de l’argent jetée par la fenêtre et que cela ne respectait pas la souveraineté du Cameroun.» …
Tristes tropiques !…